L'Altaï, Terre des Aigles : Jacky 55 ans, 75 Paris - Août 2009

Impression d'ensemble : elle est plus qu'excellente. La Mongolie, ce pays si enclavé géographiquement entre Chine et Russie, se montre remarquablement ouverte et accueillante. Les habitants d'Oulan Bator, comme les Kazakhs de l'Altai, pourtant à 1000 km de la capitale, parviennent plutôt bien à concilier l'ouverture au monde et la fidélité à leur culture : ce n'est pourtant jamais facile. J'ai été aussi favorablement impressionné par la convivialité des rapports entre Mongols bouddhistes et Kazakhs musulmans (le Xinjiang chinois n'est pas si loin). Oulan Bator est une capitale ouverte et dynamique, une ville au syncrétisme étrange et dépaysant, entre l'héritage de l'architecture socialiste à la soviétique, les quartiers de yourtes des nomades sédentarisés, la présence d'un bouddhisme populaire et bon enfant, le tout posé sur la steppe. L'Altaï est une région aussi attachante que rude, par ses paysages et son climat.  On y rencontre des gens qui sont à l'image de leur terre, à la fois rudes et hospitaliers, attentifs aux visiteurs et curieux de leur provenance. Parcourir l'Altaï à cheval, par vallées et cols, est sans doute la meilleure façon de se plonger dans la réalité physique et humaine de cette région.
 
Les paysages : l'Altaï, c'est un livre de géologie à ciel ouvert ! Il n'y a guère de végétation, parfois quelques bosquets et surtout la verdure autour des rivières et lacs, dans les vallées, qui permet aux éleveurs nomades de faire paître de grands troupeaux de chameaux, de chevaux, de moutons et de chèvres, de yaks et de vaches. Les paysages de l'Altaï, ce sont d'immenses perspectives décapées, dont les contours se dessinent au couteau dans une atmosphère d'une rare transparence, bordées au loin par les sommets enneigés, ponctuées par les troupeaux et les yourtes, un enchevêtrement de vallées parcourues de rivières et de lacs aux couleurs variables, selon la lumière et les alluvions. L'eau y est pure et fraîche : j'en ai largement profité ! Ces paysages vont avec la lumière et le climat : une luminosité intense lorsque le soleil est là, un temps changeant (dans la même journée) avec de grands courants venteux et même… une tempête de neige mémorable début septembre, qui s'est invitée à la fête du dernier jour de randonnée. Ça fait partie du plaisir !
 
L'intérêt culturel et historique : Oulan Bator présente plus de centres d'intérêt (pour tous les goûts) qu'un regard superficiel ne le laisse supposer : les monastères bouddhistes bien sûr, mais aussi une scène d'art contemporain active (la galerie nationale d'art moderne mérite la visite), des magasins créatifs qui présentent des lignes de vêtements à la mode en cachemire, en laine de chameau et de yak, une vie urbaine animée et conviviale. Dans l'Altaï, l'intérêt culturel ce sont d'abord les personnes. On trouve au détour d'une piste ou, gardant leurs troupeaux, bien sûr des jeunes gens habillés à "l'occidentale" mais aussi des personnages venus d'une autre histoire : longs et lourds manteaux bouclés par un ceinturon, motards dotés de coiffes et de lunettes prévus pour les temps sibériens… Tous attachants et chaleureux. Bien sûr, aussi, le kitch coloré et chatoyant des intérieurs de yourtes, qui contraste avec la blanche sobriété externe, attire le regard. A Ollgi, le musée local présente une rétrospective photographique intéressante de l'histoire locale et un bel assortiment de vêtements et de harnachements de la région.
 
L'intendance : l'intendance locale était parfaite. La cuisinière experte nous a préparé des repas bien adaptés à l'exercice, après approvisionnement initial en légumes et autres ingrédients sur le marché d'Ollgi (à visiter). Le mouton acheté et sacrifié en cours de route a été consommé jusqu'au bout, donnant lieu à de multiples variations sur un même thème culinaire. J'ai ramené du fromage kazakh, dur comme une pierre mais à faire fondre dans le thé au lait ! L'hébergement en tente Quechua : pas de problème à condition de disposer de très bons duvets (l'altitude des étapes varie autour de 2000m, le temps est changeant et le basculement vers l'automne vient vite fin août : la température nocturne peut passer franchement en dessous de zéro). Les tentes sont cependant un peu fragiles et sont maltraitées par les éléments. Ce peut être un problème pour les cavaliers… suivants. Sur les vols intérieurs et sur le vol Paris-Oulan Bator via Moscou par l'Aeroflot : s'attendre aux inévitables imprévus… qui ne concernent pas uniquement les passagers de Cavaliers du Monde.
 
Les guides : attentionnés, sérieux, attachants, disponibles, patients, connaisseurs de leur pays, de leurs chevaux… et avec un cœur qui déborde lorsque la vodka de la fête finale laisse les sentiments s'épandre ! Une mention spéciale à Ariunaa, notre jeune guide Mongole et francophone d'Oulan Bator, venue chevaucher dans l'Altai avec le groupe et assurant l'interface linguistique avec les compagnons Kazakhs.
 
Les chevaux : tous courageux, prêts à affronter des reliefs difficiles et des étapes longues. Tous faciles à monter, aussi. Surtout, bien appropriés au terrain. D'endurance et de vitesse inégales entre eux. Mais les longs galops ne sont pas la dominante de cette randonnée-là : le terrain ne s'y prête pas. Il y en a cependant suffisamment pour se faire plaisir !
 
Suggestions : une principale, bien prévenir les cavaliers susceptibles d'imprévoyance de se munir de vêtements et de duvets aptes à parer aux changements de temps et aux refroidissements et de ne pas croire qu'il y aura des galops partout et tout le temps. L'Altaï, ce n'est pas la steppe horizontale à perte de vue !

Palmarès de Jacky : Mongolie 2009 (19/20), Maroc 2008 (17/20).

NOTE : 19/20